Les archevêques et évêques ivoiriens ont solennellement clôturé, dimanche 25 mai, les travaux de leur 127e assemblée plénière ordinaire par une messe célébrée en l’église Saint-Esprit de Mockeyville. Cette célébration eucharistique, qui coïncidait avec la clôture des festivités du jubilé d’or de leur organe de communion, la Conférence épiscopale, a été marquée par la publication d’un communiqué final, dans lequel ils invitent les Ivoiriens à être de véritables artisans de paix.
La 127e assemblée plénière ordinaire de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire s’est achevée après une semaine de travaux au centre Jean-Paul 1er de Kodjoboué Bonoua dans le diocèse de Grand-Bassam. La fin de cette assemblée a été sanctionnée par un communiqué final dans lequel les évêques ivoiriens ont rappelé la célébration du 50e anniversaire de création de leur Conférence épiscopale.
«L’Église d’être prophétique pour un pays de paix»
En célébrant ce cinquantenaire en cette Année jubilaire placée sous le signe de l’espérance et à quelques mois du scrutin présidentiel d’octobre 2025 dans leur pays, les prélats ivoiriens ont souligné que cet anniversaire revêt pour eux une signification particulière. Cette commémoration les invite «à regarder leur parcours écclésial», mais aussi «à renouveler leur engagement pour une Côte d’Ivoire de justice, de vérité, de paix et de fraternité».
Dans l’attente de la publication de leur lettre pastorale sur les élections, les prélats ivoiriens ont réitéré, dans leur message, l’urgence pour «l’Église d’être prophétique à l’approche des joutes électorales». Une Église, selon eux, résolument engagée dans l’éducation à la citoyenneté responsable, à la non-violence, et au dialogue. De plus «une Église qui ne pactise pas avec les intérêts partisans» mais une Église qui «se tient aux côtés des petits, des oubliés, des déguerpis, des faibles».
Aussi, tout en plaidant pour «la promotion de la justice, de la vérité et de la transparence dans la gouvernance pastorale, économique et financière», la Conférence épiscopale ivoirienne a exhorté les jeunes «à croire en la paix et à rejeter toute forme de manipulation».
Particulièrement, en cette année électorale, les évêques ont lancé un appel solennel à tous les habitants de la Côte d’Ivoire en étant «des artisans de paix, de rejeter les discours de haine, de s’éduquer et d’éduquer à la fraternité». L’épiscopat ivoirien a notamment invité à prier et à œuvrer pour que «le scrutin présidentiel soit véritablement transparent, juste, inclusif et non-violent».
«Pour une Église témoin authentique de paix et d’espérance»
Pour les archevêques et évêques ivoiriens, "cette mémoire jubilaire", les appelle à la reconnaissance envers chaque membre du peuple de Dieu et envers chaque habitant de la nation. Toutefois, elle exige lucidité et humilité, car la mémoire nationale comme ecclésiale demeure «blessée par les divisions ethniques, les violences, les injustices économiques et la mauvaise gouvernance», ont-ils déclaré. En regardant dans le rétroviseur de cette marche ecclésiale, la Conférence des évêques catholiques de Côte d'Ivoire a exprimé sa volonté de s’engager dans une dynamique de pardon et de réconciliation afin de restaurer l’unité tant ecclésiale que nationale. En assumant pleinement «toute leur responsabilité individuelle et collective», les prélats demandent pardon à leurs collaborateurs: clergé, personnes consacrées et fidèles laïcs du Christ «pour tous les écarts dans leur agir et leur être». Conscients des défis à venir, ils réaffirment leur détermination à faire de l’Église en Côte d’Ivoire «un témoin authentique de paix et d’espérance, un sel dans les blessures de la haine, une lumière dans les ténèbres de la peur, une voix dans les silences de l’injustice».
Bâtir une Église synodale
Les évêques ont également exprimé leur volonté de construire une Église synodale dans laquelle prêtres, personnes consacrées et fidèles laïcs marchent ensemble, dans l’écoute et le dialogue. Ce «marcher ensemble» est un appel à «refuser la haine tribale et à affirmer que tous, dans l’Église comme dans le pays, sont d’abord frères avant d’être militants». Les évêques de la Côte d'Ivoire ont invité à créer dans chaque diocèse du pays «des espaces d’écoute pour les blessés de la politique, les exclus du développement et les victimes d’abus», plaidant également pour que les femmes, les jeunes, les déplacés et les personnes blessées dans leur dignité puissent faire entendre leur voix.
Travaux de l’assemblée et perspectives
Au cours de sa session, la Conférence épiscopale ivoirienne a procédé à l’analyse des rapports des secrétaires exécutifs et des aumôniers nationaux, au renouvellement de certains mandats et à plusieurs nominations. Elle a également examiné et adopté le projet de lettre pastorale sur les élections, ainsi que les normes complémentaires, tout en réfléchissant à des stratégies de financement pour l’Université catholique de Côte d’Ivoire (Acaci). À la veille de cette messe de clôture de leur jubilé d’or et de leur assemblée plénière , les archevêques et évêques ont effectué un pèlerinage sur les tombes de leurs devanciers, les cardinaux Bernard Yago et Bernard Agré, qui reposent au sein de la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan Plateau. Un temps de prière empreint d’émotions et de recueillement.
La prochaine assemblée plénière ordinaire, la 128ᵉ, se tiendra du 19 au 25 janvier 2026 dans le diocèse de San Pedro ...